Désordres

L'état sanitaire du chœur



Très exposée aux intempéries et aux cycles de gels et dégels, la ruine est plus vulnérable qu’un édifice protégé par ses menuiseries ou sa toiture.

Son état de ruine est attesté depuis le début du XIXème siècle.

Le chœur de l’abbatiale présente des pathologies menaçantes ponctuelles.

Des pierres sont sur le point de tomber. Toute chute de pierre entraine une réduction des sections des piles, et, donc une diminution de la stabilité de cette dernière.

Des désordres provoqués par le métal corrodé


La pierre récemment tombée provient d’un vestige de départ de voûte ou pied de gerbe, situé à environ 16 mètres du sol. L’arrachement est visible sur la photographie ci-contre, nous constatons que les agrafes sont très corrodées. Cette corrosion est inévitable, dès lors que ces métaux sont en contact avec les eaux de pluie. Dans un premier temps le métal gonfle, il cause alors l’éclatement de la pierre au niveau de l’ancrage. Le désordre s’accélère alors. Les agrafes altérées sous la pression de la pierre éclatée, cèdent et n’assurent plus leur fonction première de maintien des pierres.

Une chape de protection des arases vétuste

L’état de ruine du chœur nécessite une protection appropriée des maçonneries exposées. Les parties arrachées des voûtes forment des ensembles fragiles.

Il est absolument nécessaire de protéger ces ouvrages particulièrement exposés.

Ainsi, afin de protéger la pierre, une chape de ciment a été mise en œuvre au-dessus des arases hautes de la ruine, des appuis de baie, dans les feuillures des oculus, en surplomb des vestiges des voûtes des collatéraux : nervures, arcs, reins de voûtes.

Cette protection sacrificielle, réalisée probablement vers 1965 et reprise il y a quelques années, est aujourd’hui vétuste. Elle souffre de l’usure du temps.

Une végétation invasive

La proximité de la végétation est néfaste pour les ouvrages. Celle-ci se développe très vite dans les zones humides, de stagnation de l’eau. Les surfaces planes qui n’ont pas de pente suffisante, voire une pente nulle, ou encore certaines zones creuses, sont propices au développement de végétation et de micro-organismes comme les mousses, lichens et algues. Cette colonisation biologique concentre l’humidité et accentue les désordres.

L'usure des matériaux

La première cause de dégradation des maçonneries de la ruine est la forte exposition aux intempéries (vent, pluie, neige, gels et dégels).

Le squelette du chœur gothique, constitué de colonnes, de chapiteaux, d’arcs, mais aussi les grands parements en pierre de taille des bras de transept souffrent des intempéries.

À terme, ces désordres peuvent conduire à des problèmes d’ordre structurel. La pierre, en perdant de sa consistance, n’assure plus ses propriétés mécaniques et sans mortier de joints, une déstabilisation des maçonneries s’opère.

Des interventions néfastes

L’usure normale des pierres est parfois aggravée par des interventions néfastes et maladroites réalisées à des époques différentes avec, pour objectif, d’assurer une protection des maçonneries, ou de « réparer » des parements fragilisés.

Nous savons aujourd’hui que l’utilisation du ciment est néfaste, car celui-ci crée une barrière étanche qui empêche la pierre de respirer. La pierre concentre alors une humidité excessive dont l’évaporation normale est bloquée par le ciment. Dès lors, la pierre s’altère beaucoup plus rapidement.

Les traces de la première Guerre mondiale

La ruine de l’ancienne abbatiale a traversé plusieurs conflits dont elle porte, encore aujourd’hui, les stigmates. Certains de ses parements sont criblés d’impacts de balles comme les murs ouest des bras de transept nord et sud. C’est un témoignage des événements traversés par la ruine qu’il convient de préserver. Les deux vestiges des bras de transept sont particulièrement impactés, les tirs venant de l’ouest. Notons que beaucoup de ces impacts ont été colmatés au ciment.

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